Puissent tous les terroirs de
France, menacés de la même « dépersonnalisation », prendre conscience
de la solidarité de fait qui les unit face au Moloch jacobin. L’une des
conditions de leur salut est d’associer leurs efforts pour résister en
commun au monstre de l’étatisme centralisateur et stérilisant.
Si l’Europe, un jour, doit se refaire, elle ne se fera que par
l’alliance des petits pays, ceux qui, au milieu du nivellement
universel, ont su garder un esprit, un visage, une personnalité.
L’essentiel de l’Europe, ce qu’il importe de sauver, ce sont les
individualités collectives des petits peuplés enracinés dans leur coin
de terre, ancrés dans leurs traditions, lourds encore d’un avenir autre
que celui du collectivisme tribal. Une Europe n’est susceptible de
survivre et de vivre que par leur harmonieuse conjonction et leur
fraternelle collaboration. Ce substrat est le seul sur lequel il soit
permis d’espérer pouvoir, un jour, rebâtir.
L’Europe ne vaut que par la valeur intrinsèque des authentiques
communautés populaires, les seules qui soient demeurées dignes du nom
de « peuples », les seules, comme le chantait Rostand, un jour où sa
muse l’inspirait heureusement, qui soient capables, par leurs mérites
et de par leur existence même, de faire contrepoids dans la balance des
destinées.
Pour ces faux grands pays qui chantent et qui boivent
Et, perdus dans leurs appétits, Ne sentent même plus les leçons qu’ils reçoivent
Des vrais grands peuples, les petits.»
Jean-Marie GANTOIS