Le tribunal rendra vendredi son avis sur la tenue de la manifestation anti-islam
Le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemansa fait interdire la manifestation anti-islam pour raison de sécurité.Le tribunal de première instance de Bruxelles rendra vendredi son ordonnance sur référé concernant la manifestation contre l’islam interdite par la Ville de Bruxelles.
Cette manifestation a été annoncée en juillet par l’association “Stop the Islamisation of Europe” (SIOE), qui rassemble notamment des partis et groupements anti-islamiques danois, néerlandais et allemands. Elle a été programmée devant le Parlement européen le 11 septembre prochain, soit six ans après les attentats d’Al Qaïda aux Etats-Unis. Mais le 9 août, le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans l’a fait interdire pour raison de sécurité.
Udo Ulfkotte, ancien journaliste allemand et organisateur de la manifestation, avait introduit une requête au Conseil d’Etat contre cet arrêté du bourgmestre, mais en vain. Il est donc allé en référé devant le tribunal de première instance de Bruxelles, qui a entendu les plaidoiries mercredi. C’est l’avocat et sénateur Hugo Coveliers (fondateur du parti Vlott, allié au Vlaams Belang à Anvers) qui représente Udo Ulfkotte. Il a affirmé que la crainte d’échauffourées était un faux argument, le bourgmestre Freddy Thielemans ayant surtout peur selon lui de “perdre une partie de son électorat”.
“Ce n’est pas parce que d’éventuels contre-manifestants risquent de créer des problèmes que je ne peux pas manifester; la police doit aussi défendre mon droit à la liberté d’expression”, a-t-il dit. La Ville de Bruxelles, de son côté, nie avoir atteint à la liberté d’expression. “M. Ulfkotte peut donner son opinion dans tous les médias qu’il veut; dans ce cas-ci, ce que l’on a limité, c’est la liberté de s’assembler”, a répliqué Me Emmanuel Jacobowitz. Il revient sur le risque de troubles. “Tant la police locale que la police fédérale font état d’un risque d’échauffourées. Aucun bourgmestre n’autoriserait une manifestation qui revêt un tel caractère de provocation”, a-t-il ajouté.
En outre, souligne Me Jacobowitz, un tribunal civil n’est pas compétent pour annuler une décision de l’administration, ce que réclame Udo Ulfkotte. Ce dernier ne peut par ailleurs pas démontrer le préjudice que l’interdiction de manifester lui ferait subir. “Stop the Islamisation of Europe” (SIOE) regroupe notamment le parti danois anti-islam SIAD, le groupe néerlandais No Sharia Here et le groupe allemand Pax Europa. L’initiative est soutenue par l’extrême-droite, et notamment par la figure de proue du Vlaams Belang, Filip Dewinter, ainsi que du coté francophone par le mouvement social et identitaire NATION.
Freddy Thielemans (PS) a en revanche été clairement soutenu dans sa décision par le groupe socialiste au Parlement européen, convaincu que les organisateurs cherchent avant tout à stigmatiser une communauté pour des raisons racistes et xénophobes, “comme le prouve leur volonté d’assimiler l’islam au terrorisme fondamentaliste”.