Culture ou pourriture ? Il faut choisir quand on débaptise !

Michel De Swaen, ce nom dit-il encore quelque chose ?
Malheureusement non sans doute, du moins pour l’immense majorité d’entre nous!
Pourtant d’aucuns seraient étonnés de savoir que ce fut l’un des hommes de lettres les plus célèbres de la Flandre et sans contexte le flamand de Flandre Française de la seconde moitié du XVIIeme siècle le plus connu.
Né à Dunkerque en 1654, il y finit ses jours en 1707.

Surtout connu comme reiderijker (« maître rhétoricien » - équivalent poétique du monde néerlandais des « meistersingers », les fameux maîtres chanteurs du monde lyrique allemand) il écrivit des drames et des poèmes et une farce De gecroond leerse (« la botte couronnée ») qui fut encore jouée dans tout le monde néerlandophone après guerre et jusqu’à très récemment. Son rayonnement est immense tant dans la culture flamande que dans la culture néerlandaise.
Il rédigea également une traduction du Cid en flamand…
Est-ce son admiration pour Corneille - aujourd’hui curieusement vilipendé par les tenants de la pensée unique – qui est cause de sa disgrâce nouvelle? On peut se poser très sérieusement la question.
Toujours est-il que si une rue de Dunkerque porte encore bien légitimement son nom, le collège Michel de Swaen du quartier sensible du Banc Vert à Petite Synthe va changer de patron !

Il faut croire décidément que les nouveaux responsables de cet établissement d’enseignement n’ont plus la même notion des valeurs civilisatrices et culturelles.
A l’époque de la résurrection des langues régionales, on aurait pourtant pu imaginer qu’une personnalité de la nature de De Swaen et l’importance de son œuvre littéraire allaient faire multiplier les références à son égard dans ce berceau de la Flandre française.
Que nenni ! Ne voit-on pas le Conseil d’Administration de l’établissement demander sans aucune raison apparente le changement d’appellation dudit établissement…Au profit du nom de Lucie Aubrac !
Notons qu’on a échappé là au pire : certains de ces glorieux zélés débaptiseurs avaient déjà avancé le nom de Rosa Park, une obscure aphro-américaine, pasionaria de quelques nostalgiques militants des droits civiques …enfin un modèle culturel bien de chez nous, certainement captivant pour nos collégiens, c’est le moins qu’on en puisse dire !
Prudemment le Conseil Général a demandé à la municipalité dunkerquoise d’avaliser ce lamentable avatar.
Il ne doit pas être très fier le directeur de cabinet du maire, puisqu’il s’est mis aux abonnés absents toute la journée de lundi, jour du vote de cette ignominie culturelle, mais la municipalité Dunkerquoise d’obédience socialiste s’est faite un devoir d’entériner la chose.
Il ne doit pas être très reluisant non plus le principal du collège, Etienne Galland, tout aussi injoignable et visiblement fort peu désireux d’avoir à s’expliquer sur les motifs de ce choix pour le moins incongru !

Ainsi va disparaître de la mémoire estudiantine le plus beau fleuron de la culture flamande de France, au profit de la célébration d’un personnage que les pires idolâtres de la Résistance considèrent au moins comme ‘‘controversé’’!
Mais il fallait choisir : culture ou pourriture. C’est décidément la dualité qui s’offre aux nouveaux propagandistes des modèles qui forment la jeunesse et il n’est pas difficile de voir où les portent leurs penchants.
Il restera heureusement toujours un cercle culturel flamand Michel De Swaen à Hazebrouk qui fera rayonner ce nom.
On pourra toujours se consoler en allant à Anvers, là pas si loin de la rue Hendrik Conciense (l’écrivain révélateur de l’écriture flamande belge du XIXe, l’auteur fameux du Lion des Flandres) il existe dans le quartier de Merksem une rue « Michiel de Swaen straat ».
Et à Anvers, quatre siècles après sa mort, on y joue toujours ses pièces de temps en temps!
C’est comme cela dans la France d’aujourd’hui : c’est sur nos voisins, et parfois sur nos rivaux, qu’il faut compter pour préserver notre propre culture occultée volontairement par ceux qui en ont la charge!